Le Poteau carré

Aujourd’hui, maman me dépose à l’école comme le lundi, mardi, mercredi, jeudi, et vendredi !
En ce moment, je suis en CM2 qui est égale à la 7ème en Suisse. Je suis contente car on va manger des cordons bleus à la cantine, et le cordon bleu, c’est mon plat préféré ! Mais bon, on commence avec les mathématiques, c’est affreux car je DETESTE les maths, je comprends vraiment rien, plus on avance, plus je comprends rien !
Heureusement, on a aussi dessin. C’est ma matière préférée car au moins on a pas besoin de conjuguer des verbes au présent et faire des calculs interminables !
Mes cours du matin se finissent très lentement et je m’ennuie à mourir… heureusement que mes copines sont là pour papoter avec moi.
Il est maintenant 11h55, je n’arrête pas de regarder l’horloge, de toute façon c’est plus intéressant que le cours. Enfin la sonnerie diffuse un cri strident dans l’école, la LIBERATION ! Enfin plus de maths ou de français, YOUPI !
On finit de manger notre cordon bleu, et on sort.
Avec les copines on s’ennuie, on sait pas quoi faire… Mais d’un coup Maëlys se lève et nous donne une idée super chouette :
Le « un pour tous » ! Le nom est hyper chouette, on commence à jouer toutes contentes. Et Maëlys commence à compter. On fait des milliards de parties ! J’adore ce jeu, il est trop cool, en plus chui trop forte ! Et là, vient l’une des dernières parties, Maëlys recompte encore une fois et tout le monde est trouvé à part Samantha et moi  (c’est une fille que j’aime pas, qui traine avec nous car elle a pas d’ami-es). Du coup je me lance comme un guépard prêt à bondir sur sa proie, je cours plus vite que Samantha. Mais, sous le coup de la fatigue, je ralentis. Samantha prend la tête et s’arrête juste devant moi. Et elle écarte les pieds comme si elle voulait faire le grand-écart. Moi,  prise dans mon élan, je continue de courir, je veux toucher ce poteau avant elle ! Elle s’arrête, je m’encouble sur son pied et tombe sur l’arête du poteau. Je me retrouve dans l’infirmerie avec un papier sur le sourcil, je n’ai pas mal. Je vois maman en dehors de la salle. Puis elle entre :
–   Ça va chouchou ? Tu n’as pas trop mal j’espère ? dit-elle d’une voix douce.
–   Euh oui merci ça va… Et j’ai même pas mal ! Je suis forte hein ?
–   Bien sûr que tu l’es ma chérie !
–   C’est qui qui t’a appelée ?
–   C’est l’école. Ils m’ont dit que tu t’étais pris un poteau dans la cour de récré.
– Ah oui ! Mais c’est rien, t’inquiètes pas.
– Tu t’es vu !? Non ! On va aux urgences !
– Quoi !? Je suis si moche que ça !?
– Mais…. Oh là là, ma chérie tu es pleine de sang et tu as le sourcil plus ouvert que jamais, on va aux urgences !!
On part à fond les ballons dans la voiture grise de maman, je ne l’ai jamais vue aussi stressée ! On arrive aux urgences et on attends des milliards de millions d’années… Le temps passe comme un escargot. À croire qu’il recule.
Enfin un médecin arrive et nous prend en charge (enfin surtout moi) et il commence à rigoler :
– tu t’es fait ça comment, ma petite ?
– À la guerre !
– Quoi !? répond-il avec un air surpris.
– Mais non, elle rigole, elle voulait dire qu’elle jouait avec ses amies à l’école, hein Faustine ? intervient maman.
– Euh oui ! dis-je d’une voix peureuse.
– D’accord, je vois le problème ! dit le docteur rassuré.
Et il commence l’opération. Enfin, il m’endort et il commence l’opération…

Faustine