Mon Biberon

J’ai deux ans, j’adore les biberons comme tous les gosses de mon âge. Mais mon biberon n’est pas comme celui les autres. Les autres biberons sont remplis de lait et le mien, il est vide. J’ai toujours adoré les biberons sans lait, j’adore surtout mâcher la tétine de mon propre biberon. Qu’est-ce que c’est relaxant!
Un jour, je perds mon biberon, ma maman dit qu’elle l’a jeté  parce que mon biberon était cassé. Je commence à pleurer et à
crier. Maman dit que elle va m’acheter un autre biberon.
NAN!!! Je veux mon propre biberon à moi seul. Je continue à pleurer comme un gros bébé, je veux le même que j’avais, je ne veux pas les autres! Pendant trois jours, je n’ai pas de biberon. Je pleure de plus en plus et je commence à crier:
– AAAAAAAAA!! Ze veux mon biberon!!
Arrête de te plaindre! dit maman. je vais t’acheter un autre biberon et ça sera fini!
Mais au final je finis par accepter mon nouveau biberon. Parce que je préfère d’avoir un biberon que de ne rien avoir.
Deux jours plus tard, je reçois mon nouveau biberon, je suis trop content et j’ai hâte de mâcher ma nouvelle tétine.
Je l’adore! A chaque fois  que les invité(e)s viennent chez moi, je me précipite pour cacher mon biberon comme si j’étais un « gamin qui n’a même plus besoin de biberon à mon âge.»
Chaque fois qu’un(e) invité(e) se rapproche de mon biberon, je l’empêche d’y toucher! Je ne veux pas qu’on touche à mon trésor. Mais quelle déception… Un jour, mon frère a tout balancé, il dit à tous ses potes que son petit frère était encore un enfant qui a un biberon. Les amis se moquent de moi… Mes yeux se remplissent de colère! J’attends que ses amis partent, et me prépare à foutre une grosse patate à mon frère. Mais, je ne lui ai rien fait, parce que sinon c’est plutôt moi qui vais me prendre une belle engueulade par maman.
Mais je me dis, quand je serai plus grand et que j’aurai encore mon biberon, tout le monde vont se moquer de moi de toute façon. Du coup au final, je trouve que sans biberon, ma vie est toujours aussi belle qu’avant, quand j’avais mon biberon.
Quelques jours plus tard, je me sens là maintenant comme un vrai garçon sans biberon et je suis joyeux. À quatre ans, je vais à l’école de Neuchâtel. Je vois plein de personnes de mon âge qui ont un biberon et certains qui pleurent parce qu’ils n’ont pas de biberon. Comme moi quand je ne voulais pas abandonner mon trésor.
Et c’est maintenant que je me dis « Je ne suis vraiment pas le seul qui veut absolument un biberon ». Je me sens comme un jeune garçon fort.

Fin

Wenkaï