Journal d’un jeune en quarantaine

Sonnet

Je me suis réveillée,
Et j’ai vu mon chat,
Il avait une épée,
Je pense que j’ai rêvé ça,
Après je suis descendue,
Pour aller manger,
A la lenteur d’une tortue,
Qui aurait les membres cassés,
Puis j’ai joué de la guitare,
Pas de la cithare,
Et j’ai appelé mes amis,
Et j’ai appelé mes amis,
Ils étaient surpris,
De me voir après tout ce temps.
                                 Nàdia Saugy

Journal d’un jeune en quarantaine

Jour 8 – lundi 23 mars 2020
Les jours passent et se ressemblent. Une phrase qui décrit parfaitement mes journées. Et aujourd’hui, seul et dernier jour, je n’ai même pas daigné sortir. Je suis définitivement devenue un mollusque à plein temps. J’ai regardé un film débile, surfé un peu sur internet (mon seul sport haha) et j’ai lu. Et j’ai même travaillé un peu, et vous pouvez m’en féliciter, c’est dire, je ne travaille pas souvent, j’y vais au talent. Je vous entends. Vous dites que je n’ai pas ce talent. Et bien, … Vous avez to-ta-lle-ment raison.
Nadia

Journal d’un jeune en quarantaine

Jour 6 – samedi 21 mars 2020
 
Aujourd’hui, Mesdames et  Messieurs, nous allons nous aventurer dans le milieu hostile qu’est la Coop (à prendre avec humour). Notre mission : acheter des croquettes. Donc nous sortons de chez nous, aveuglés par le soleil que nous n’avons pas put voir depuis le fond de nos grottes. Nous avançons en terrain inconnu jusqu’à notre but. Nous entrons dans cet antre, non, devrais-je dire, cette caverne d’Ali Baba pleine de tout ce dont nous avons besoin. Puis nous repartons chez nous sous un soleil qui ne devrait pas être si chaud en cette période de l’année. 
Nadia

Journal d’un jeune en quarantaine

Jour 1- lundi 16 mars 2020

 
1er jour de vrai confinement, premier jour sans cours. D’un côté je me dis que le travail va bientôt arriver, mais de l’autre je pense qu’il faut se reposer chez soi et ne rien faire.

Aujourd’hui je vais aller chez Aude. A la base on voulait jouer au badminton, mais une idée a germé dans ma tête ; et si on faisait des bubble teas ? On a pensé à en commander, mais ça coûtait un bras alors on a décidé de les faire nous-mêmes. On a commencé par faire la base de sirop, qui n’était pas difficile. Puis on a regardé des vidéos pour faire des boules de tapioca qui se mettent généralement dans les bubble teas. Il fallait : de la farine de manioc (que nous n’avions évidemment pas, alors nous avons pris de la farine complète à la place), du sucre de canne et de l’eau. On a suivi les instructions, terminé la recette, et donc on a goûté nos bubble teas faits maison. Résultat : répugnant !
Conclusion ; n’essayez jamais de faire des bubble teas chez vous sans les bons ingrédients !
Nàdia

My body, my rules.

Comme tous les jours, je sors du boulot à 17h.
Je prends la rue principale.
J’ai peur.
Je redoute.
Deux sans-abris s’échangent des cigarettes dans un coin.
Je marche sur le trottoir sale à côté de la route.
J’entends quelqu’un crier derrière moi.
« Eh toi ! J’te b**** ! »
Je me retourne.
C’est encore ce gars. Et ses potes.
« Sale p*** ! »
Les gens se retournent pour voir à qui il a parlé.
Les larmes me montent aux yeux, mais j’ai l’habitude. C’est comme ça tous les jours.
Je continue à marcher.
Des hommes sifflent sur mon passage.
J’enrage. Je ne suis pas un chien !
Un garçon qui semble avoir quinze ans m’achève :
« Eh co*****, tu l’as mise pour moi cette jupe ?! »
Et voilà, tout ça à cause de ça.
Parce que je porte une mini-jupe.
Parce que je m’assume.

Aude et Nadia

Page arrachée

Je me rends compte que j’appuie trop quand sa veine explose. Lisa, bâillonnée, attachée, pousse des cris de douleur du mieux qu’elle le peut.
—Je t’avais dit de faire a-tten-tion !! me scande Adam, mon patron, tandis que j’essaie maladroitement d’éponger le sang sur son cou à elle. C’est difficile, car les cordes bien serrées m’empêchent de nettoyer correctement la plaie, et de plus, ces cordes là lui font un mal de chien, qu’elle exprime en se débattant comme une furie, ce que je ne tiens pas longtemps. Un coup sec et bien calculé sur sa tête, et elle part à jamais.
— Mais qu’est-ce que t’as fait ?!! cette fois, j’ai vraiment fait enrager Adam.
— Je…bah comme ça, elle nous dérange plus. bredouillé-je comme un petit enfant apeuré. Apeuré, je le suis. Quand Adam est fâché, vaut mieux être avec lui que contre lui. Il m’empoigne fermement le col de la chemise et me plaque au mur.
— Alors, écoute moi bien. Hier, j’ai accepté, mais aujourd’hui, ça va plus. Depuis maintenant, si tu ne fais pas chaque chose que je te dis de faire, chaque chose, je te …

Nadia

La page arrachée

– Si tu ne me suis pas, c’est pas moi qui vais morfler, me signale-t-il, alors arrête de discuter et oublie l’idée d’emmener ton frère.
Je quitte l’infirmerie en courant, à la recherche, de Selly. Parfois, il erre aux abords de la cuisine, dans un état critique. Même avec son t-shirt on devine des côtes saillantes et un estomac vide. On le voit demander aux cuisiniers et cuisinières un peu de nourriture, mais ils le rejettent inlassablement. Je le cherche parce que j’ai besoin de lui, j’ai besoin de son soutien, de ses paroles rassurantes. J’ai besoin qu’il m’aide à choisir si oui ou non je dois partir avec Jack, vers une destination encore inconnue, et sans lui, Selly, mon petit frère chéri de 17 ans.
– Ecoute, moi, si je devais choisir de partir ou pas, mon choix est déjà fait, après, toi, fais ce que tu veux !! Mais moi je te dis seulement ça, vas-y, pars d’ici et cherche une famille d’accueil qui voudra t’accueillir toi, une petite fleur si parfaite… il me dit, les larmes aux yeux.
– Mais si je pars et que je vais vivre avec d’autres personnes, une autre famille ? Je veux être avec toi !! lui crie Ruby tout en pleurant en même temps.
– T’as entendu Jack ? Il ne veut pas partir avec moi parce que dans deux semaines j’ai 18 ans. Et tu sais ce qui arrive aux enfants qui deviennent adultes hors du centre ? lui demande-t-il, même en sachant déjà la réponse.
– Ils ont une marque et on peut les retrouver à tout moment, lui répond Ruby, blasée.

Nadia

La Flemme

Vu que nous avons la flemme de faire des rimes, nous allons faire un texte sans rimes.

La flemme est plus forte que tout, elle envahit le monde.
Ça empêche de faire des chose utiles, comme…
Bah j’ai la flemmmmmmmme !!!!!

Nadia et Virginie

Bonjour

Tous les mardis, on rentrait à pied pour manger ensemble.
Ça commence là, devant une maison abandonnée depuis des années que tous les enfants du quartier appellent « La Maison hantée ». On marche tranquillement sur le trottoir, quand on voit un homme sortir par le portail de cette propriété. Il est jeune, et habillé de manière décontractée.
Nos parents nous avaient pourtant bien dit de ne jamais parler aux inconnus, mais là, nous avions oublié cette règle.
— Bonjour, dit Virginie, vous habitez ici ?
— Non, j’habite juste derrière mais je suis passé par là parce que c’est plus rapide. Et vous deux, vous habitez où ? demande-t-il avec un sourire mêlant l’hypocrisie et la gentillesse.
C’est là que nous nous sommes rendu compte de notre erreur, et avons commencé à douter.
— Par là, par là, dit Nadia.
— Par là, par là, complète Virginie.
— Bon, au revoir les filles !!
Au moment où il se retourne, nous voyons qu’il porte une hache sur son dos Mortes de peur, nous avons commencé à courir discrètement, pour qu’il ne nous entende pas.

Tout ce qu’on a écrit s’est vraiment passé, et on voulait l’écrire pour rappeler à tout le monde de ne pas parler aux inconnus, pas finir traumatisées comme nous…

Virginie et Nadia

La Bête

Elle était là, devant moi. Rapide, très rapide, parce qu’elle avait faim, très faim. J’étais bloquée, paralysée, incapable de bouger. Elle laissait une trace visqueuse sur le sol poussiéreux. Elle s’approchait de plus en plus, de plus en plus rapidement. Trois mètres. Deux mètres. Un mètre. 50 centimètres. Sa gueule ouverte. Ses crochets. Le venin. Et plus rien…

J’ai écrit ce texte parce que chez moi, j’ai un boa constricteur. Je déteste ça, j’ai envie de disparaître de ce monde quand le serpent se promène dans la maison, tellement il m’inspire de la peur.

Nadia