Journal d’un jeune en quarantaine

Sonnet

Aujourd’hui, à peine sortie du lit,
Je me suis retrouvée avec un poisson,
Collé dans le dos par ma soeur, sans autorisation,
Encore une de ses curieuses manies.

Après avoir mangé du taboulé,
J’ai travaillé mon français,
Sans beaucoup d’intérêts,
Puis, je suis allée me promener.

Une fois dans les champs,
C’est comme si tout était comme avant,
Comme si nous n’étions pas confinés.

Malheureusement, quand nous sommes allés faire nos emplettes,
Et que nous avons vu qu’il y avait des étalages vides, plus de papier toilette,
Je suis revenue à notre triste réalité.

Mathilde

Journal d’un jeune en quarantaine

Jour 9:

Matin normal, un peu de travail et pas grand chose d’autre.
L’après-midi, mon père a fini d’installer le Beamer dans notre galetas. SUPER!:)
Pendant la soirée, ma soeur qui toussait un peu depuis le matin, a commencé à avoir de la fièvre. Pour finir, elle a le Covid-19!
Après, Garance (ma soeur) est allée se coucher et je suis montée voir un film avec mes parents (Witness, un film avec Harrisson Ford, que je recommande). Pendant le film, Garance a fait une crise de somnambulisme (elle racontait de histoire de calculs mentaux ^-^)

Mathilde

Journal d’un jeune en quarantaine

Jour 8:

Aujourd’hui, ça fait une année qu’on a Cléo (mon chien)!


Magnifique photo de mon monstre poilu 🙂

Oui, je suis COMPLETEMENT gaga, je sais mais elle est trop chou, je l’adore ❤️!

Ensuite, journée normale et le soir j’ai préparé des Penne aux épinards et oeuf au plat. Délicieux!!

Voilà la recette, pour ceux que ça intéresse:

Mathilde

Journal d’un jeune en quarantaine

Jour 6:

Un samedi normal. J’ai glandé le matin, on a mangé le repas de midi à 14:30 ( du couscous au safran, aux olives et à la feta). Délicieux!
Ensuite, je suis allée avec ma mère en forêt, pour promener le chien. Je lui ai demandé si je pouvais dire que mon père a le Covid-19 et elle m’a répondu que « oui, ce n’est pas une honte ». On s’est ensuite demandé si les gens allaient nous éviter à cause de ce virus et si on allait finir par coller des étoiles jaunes sur les portes des gens infectés. Seul l’avenir nous le dira.

Mathilde

Journal d’un jeune en quarantaine

Retour en arrière, le 13.03.2020

Bon, le vendredi 13* mars, jour de l’anniversaire de ma soeur, cela fait 2 semaines que je suis malade (toux, fièvre jusqu’à 40°,…). Je vous arrête tout de suite je n’ai pas le Coronavirus:)! Je suis allée chez la pédiatre peu avant ce fameux vendredi et d’après elle, j’ai sûrement une grippe. Bref, revenons à nos moutons. Ce 13 mars, mon père m’emmène faire une radio juste pour « être sûr » que c’est bien la grippe et là, surprise! J’ai une pneumonie! J’ai donc passé la fin de mon après-midi à l’hôpital de l’enfance. Après, 2 heures d’attente, un médecin m’a auscultée et prescrit une boite d’antibiotiques en 20 minutes chrono. Enfin, quand je suis rentrée, j’ai appris que les écoles étaient fermées. Et pour finir, ma soeur n’a pas pu fêter son anniversaire avec nos grands-parents au restaurant comme prévu. Merveilleuse journée!

*je ne suis pas superstitieuse mais quelle coïncidence!

Mathilde

***

Jour 1

En me réveillant ce matin, j’ai cru qu’on était un dimanche. Ensuite, je me suis rappelée que normalement j’aurais dû être en plein cours de géo. Ça c’était plutôt cool! Mais après, je me suis souvenue que j’allais devoirs vivre 7 semaines à la maison, 24h/24h avec ma soeur et sans voir mes amis ni mes grands-parents.
Après, ça a été la « journée passionnante d’une ado en quarantaine ».

Mathilde

***

Jour 5

Aujourd’hui, quand je me suis réveillée, ma mère m’a dit de ne pas aller dire bonjour à mon père. Je lui ai demandé pourquoi et elle m’a dit qu’il avait attrapé le Coronavirus. Bon, la journée commençait bien! Nous étions donc en quarantaine tous les quatre. Ma mère s’est dépêchée d’aller faire les courses pour tenir au moins cinq jours. Je ne vous raconte pas à quel point le frigo débordait! Mon père a ensuite émigré au galetas où il a installé une télé et un lit et où il passe la majeure partie de ses journées, confiné. Et moi, je passe la plus grande partie de mes journées à me laver les mains car je suis plus fragile avec ma pneumonie. Il ne faut donc pas que j’attrape le Covid-19 alors j’évite mon père. C’est GENIAL!

P.S: Oui, « jour 5 » déjà! Mais ma semaine était tellement inintéressante jusqu’à ce jour que j’ai voulu vous épargner une lecture ennuyeuse.

Mathilde

Dans la peau d’une femme

Un jour, quand j’avais six ans, j’ai vu mon frère faire de l’escrime. Et là j’ai compris que je voulais en faire moi aussi. J’ai alors décidé de demander à mon père de commencer à manier le fleuret. Mais il n’a rien voulu savoir et m’a envoyée dans ma chambre pour le reste de la soirée.

(12 ans plus tard)

Ce soir c’est décidé, je pars de la maison. Pendant douze années, j’ai observé mon frère durant ses cours particuliers. Maintenant c’est à mon tour de faire de l’escrime. Alors c’est décidé je pars!

(2 mois plus tard)

Depuis deux semaines, je vais m’entrainer dans un gymnase tous les vendredis. Pour cela j’ai dû me couper les cheveux, je porte une bande de tissu sur la poitrine et des habits larges pour cacher mes formes. Mais je peux enfin faire le sport qui me plait.

(4 ans plus tard)

Ça y est je suis aux Jeux Olympique! Après de nombreuses manches (plusieurs gagnées et une perdue), vient l’heure des résultats. Je suis impatiente et angoissée. Le jury annonce que je suis à la troisième place. Au moment où je suis sur le podium, j’enlève mon casque, j’ôte ma combinaison et la bande qui comprime ma poitrine. Un murmure s’élève alors de la foule « C’est une femme?! » Je m’exclame alors: « Eh oui je suis une femme! Et regardez comme je suis allée loin! A toutes les femmes du monde, je crie: croyez en vos rêves! ».

Mathilde et Méline

Dijon, 13 novembre 1916

Cher Antoine,

Ici tout va pour le mieux. Les enfants vont bien, Pierre a perdu sa première
dent. Notre vieille Daisy a malheureusement été réquisitionnée pour la cavalerie et j’ai dû
vendre les vaches. Je vais tous les jours travailler à l’usine mais tout est compliqué
depuis que les hommes sont au front.
Je ne pourrais sûrement pas t’envoyer d’argent ce mois-ci, je n’en ai pas les moyens et je m’en excuse. J’espère que tout va bien pour toi, tu nous manques, aux deux petits et à moi.

Je t’embrasse,

Claire

Dans la peau d’une femme – Je ne pouvais pas…

13 juin 1962
Je ne pouvais pas le garder. J’ai dix-huit ans, je n’ai pas de travail.

Quelques semaines avant

Quand je me suis rendue compte que j’étais enceinte, je n’ai pas eu d’autre choix que de me faire avorter. J’ai trouvé une femme qui a accepté de me « délivrer » pour 3 500 francs*. Trois jours après, elle est venue chez moi. Elle m’a demandé de m’allonger sur la table de la salle à manger, recouverte d’un draps. Elle a sorti une aiguille à tricoter et soudain j’ai eu mal, très mal. Tout mon corps tremblait, j’étais secouée de spasmes. Et ensuite, je ne me souviens plus de rien.

Mathilde et Méline

La page arrachée

Il entra dans l’eau froide qui lui arrivait rapidement à la taille. Il chercha le regard complice de cette petite qu’il avait tant aimée mais il ne vit qu’un visage livide et des paupières closes pour l’éternité. Il ne pouvait se résoudre à abandonner ce petit corps, à le laisser sombrer. Et pourtant il le fallait. Le corps de cette fillette témoignait de sa violence et de sa santé mentale instable. Elle était une preuve à elle seule. Alors, il la laissa couler en même temps que ses larmes.

À ce moment, il sentit quelque chose se briser en lui. Cette petite était son pilier, sa force et sans elle tout allait s’effondrer, toute la façade qu’il avait construite pour montrer aux gens qu’il était normal et sain d’esprit allait s’envoler en fumée. Sans sa princesse il n’était plus rien, sa vie n’avait plus de sens. Il alla donc chercher des pierres, qu’il mit dans son sac à dos et dans ses poches. Il grimpa sur les rochers qui surplombaient le lac où reposait maintenant sa fille. Il ferma les yeux et se rappela les bons moments passés avec cette petite qui l’aimait toujours même quand il était violent avec elle. Tout à coup, un cri plein de regrets et de larmes jaillit de sa gorge: « Elle n’avait que sept ans ! » Il regarda alors les eaux noires et …

Mathilde

Alzheimer

Ce nom ne signifiait rien pour moi avant que mon grand-père ne soit confronté à cette terrible maladie. Ça a commencé par de petits oublis sans grande importance. Toutes ces absences sont devenues de plus en plus inquiétantes. Et puis, quand il a commencé à essayer de téléphoner avec une calculatrice, à mettre un kilo de sel au frigo ou à oublier le nom de son amie, ça devenait de plus en plus grave. Lui ne se rend compte de rien, il a juste envie de rester tranquille chez lui et dans son jardin. Mais un jour, on va devoir le mettre dans un EMS et j’ai peur qu’il ne le supporte pas.

Avec mes parents on parle de ses oublis en rigolant (pour ne pas pleurer) mais moi je n’ose pas leur dire que cela m’inquiète.
Alors, j’ai écrit ce texte pour leur expliquer qu’à chaque fois que je vais le voir, j’ai peur qu’il oublie qui je suis et tout simplement, qu’un jour, il ne soit plus là.

Mathilde