Je cours à l’infini sans regarder qui est derrière moi, car derrière moi je laisse des amis morts ou des amis qui souffrent. Mais moi, je ne dois jamais m’arrêter. Il faut que j’avance. Que je continue à tuer mes ennemis. Pour le moment j’ai tué beaucoup de personnes; j’espère que le jour où je vais mourir, ils pardonneront. J’avance, je me cache dans une maison et quand je rentre dans une chambre, je vois un ennemi assis par terre. Il n’a plus de main. Il ne peut pas me tuer. C’est moi qui dois le tuer, mais je n’ai pas envie parce que il ne m’a rien fait. Pourtant c’est le règlement, la loi du chef qui dit qu’il faut tuer tous les ennemis. Je ferme les yeux et je le tue. J’espère il va accepter mes excuses. Je monte encore dans les étages, jusqu’à arriver sur le toit. Meilleure vision pour tuer, encore. Mais quand j’arrive, je vois un homme avec son fusil prêt à faire feu. Je vois qu’il a peur. Mais lui aussi, comme moi quelques instants plus tôt, ferme les yeux et m’abats. Je tombe à terre, je n’arrive pas à me relever. Je ferme les yeux et je meurs en silence dans les bruits de la guerre. Dans ma tête je pense à tous les gens morts en guerre et au courage qu’ils avaient. Comment comprendre la vie difficile de ces hommes? Comment penser que l’on se tuait entre hommes, pour de vrai? Des tueurs qui nous ressemblent et qui tuent juste parce qu’on n’habite pas dans le même pays…
Je pose ma manette. J’éteins la console. Je vais manger, ma mère a fait des pâtes.
Antonio