Tranchées et tasse de thé (4)

Basingstoke, Mardi 10 novembre 1914

Cher Mr Keynes,

Je suis choquée par vos paroles. Ceci est injuste pour la famille du défunt, elle n’y est pour rien dans cette histoire tragique. Il est vrai que le suicide n’est pas une solution mais, je trouve inacceptable de salir la tombe d’un homme qui a servi son pays.

Le docteur Smith suppose que mon père ne passera pas l’hiver. Votre diagnostic était juste, mon père souffre bien d’un cancer des poumons. Le docteur m’a informée qu’il avait entendu parler d’un traitement qui permet d’éliminer les cellules cancéreuses. Je ne suis pas convaincue par ce traitement.

Le fils du docteur, Matthew Smith me courtise, je n’apprécie guère cela, car mon coeur vous appartient. J’essaie de l’éviter au maximum, mais cela est compliqué car il est l’assistant de son père.

Le traitement commence la semaine prochaine, j’espère que le docteur sait ce qu’il fait.

Je pense à vous, Katherine Wilson

Tranchées et tasse de thé (3)

Lille, Samedi 31 octobre 1914

Chère Mlle Wilson,

Voici deux jours que je garde votre lettre dans ma poche, proche de mon coeur. A mon immense regret, votre doux parfum de rose s’atténue peu à peu. Demain matin, mon régiment et moi-même partons pour la Marne récupérer les derniers blessés et les amener à l’église où s’est installée la Croix-Rouge.

Chaque jour, des dizaines soldats partent au front mais peu en reviennent intacts. Je vois tous les jours des blessures qu’on ne peut imaginer. Je ne sais si être médecin est plus lourd à supporter qu’être soldat au front.

Une nuit mon assistant m’a réveillé. En sortant de ma tente, j’ai découvert un Poilu qui a décidé de se libérer de ses souffrances par la mort.

Le lendemain, le Général informe ses soldats que le suicide n’est pas une solution; cet acte est une trahison envers la patrie. Sa famille ne recevra aucune prime. Cette déclaration élève un mouvement de haine envers le soldat. Un des combattants déclare : “Comment peut-il nous lâcher, nous laisser crever ici ?!”

Je suis sans voix face aux réactions des soldats. Il est mort.

J’ai été touché par l’état alarmant de votre père. Je vous promets qu’en rentrant nous ferons, tous ensemble, un lunch au sommet de la montagne Liathach en oubliant toutes ces horreurs.

Votre bien-aimé William Keynes

La deuxième fois

Je me souviens de ce mercredi après-midi où j’étais parti avec un ami au cinéma. On a regardé le film, tout s’est déroulé sans aucun problème. En rentrant, nous somme allés dans un fast food pour manger dans le bus du retour. Arrivés à l’école, là où j’avais déposé mon vélo avant de prendre les transports publics avec mon ami pour aller en ville, je sors du bus. Je jette mes déchets dans la poubelle et je me tourne en direction de l’école, là où j’avais déposé mon vélo. Il n’est plus là. Mon premier reflex c’est de regarder aux alentours pour voir s’il n’est pas caché, je ne le trouve pas. J’appelle ma maman pour qu’elle vienne me chercher en lui disant que mon vélo a été volé. C’est alors que je me demande si je ne suis pas venu à pieds. Mais je sens la douleur que j’ai à la jambe. En effet, en venant, je me suis griffé à la pédale. Mon deuxième vélo a été volé.

Victor

Accompagné sur ce chemin

Personne ne devrait être seul,

Se réveiller seul, sourire seul.

On a tous besoin de quelqu’un,

Quelqu’un qui marche à nos côtés,

Qui nous suit, nous conduit.

 

Cette règle de trois

La famille, l’amour, l’amitié,

Ces trois richesses assemblées

Construisent un long chemin

Pour nous offrir un lendemain,

Un soutien précieux

Qui nous rend heureux…

 

Chiara et Tina

Tranchées et tasse de thé (2)

Basingstoke, Jeudi 22 octobre 1914

Cher Mr Keynes,

Je suis heureuse de recevoir de bonnes nouvelles de votre part. Je ne voudrais pas vous accabler d’un problème qui n’est pas le vôtre, mais sachez que l’état de mon père se détériore de jour en jour. Même si les chances sont faibles, je continue de prier pour lui.

Ce matin, je cuisinais vos biscuits préférés et mes pensées étaient auprès de vous. Je nous imagine souvent au sommet de la montagne Liathach dans le cottage de mon enfance, où nous prenons le Tea Time loin de toutes guerres et horreurs. Malheureusement, ce petit coin de paradis s’évapore au moment où les Shortbreads sont cuits. Je me languis de vous. J’espère que l’on vous donne assez de nourriture pour apaiser votre appétit. Ici, la nourriture se fait rare. Mais grâce à ma soeur Marie qui est en pleine croissance et à mon père malade, nous profitons de deux oeufs et de 100 grammes de farine en supplément.

Qu’importe le temps de notre séparation, je vous demande seulement de me revenir en bonne santé.

Votre adorée, Katherine Wilson

Accent-frontières

Vous partez en vacances,

C’est la même langue quelle chance,

Vous voulez un café,

Vous allez commander,

Mais soudain le serveur,

Vous dit d’un air moqueur :

« Vous n’êtes pas d’ici ! »

Et puis il vous sourit,

Alors vous acquiescez,

« Laissez-moi deviner,

Vous êtes sûrement vaudois ! »

Vous ne répliquez pas,

Vous demandant comment,

Votre très bel accent,

Aurait pu vous trahir,

On dirait sans mentir,

Que votre chère partie,

Avec ses blablateries,

S’est laissée découvrir,

Vous dites avec soupir :

« Monsieur vous allez rire,

ça pourrait être pire,

Car en vous entendant,

Croyez-moi simplement,

Je préfère totalement

Le mien c’est évident ! »

Loïs

Oui ou non?

Vous savez ce moment de votre vie, où l’on commence à se demander qui on est?

Ce moment, lorsqu’on veut tester nos limites, voir jusqu’où on est capable d’aller…

Parfois, j’essaye de ne penser à rien, sauf que je pense à six mille choses; je me demande ce qui ferait de moi une personne meilleure, ou ce qui ferait de moi une personne juste bien.

Se remettre en question. Ça paraît si simple, et pourtant…

Des fois, je me demande comment je serais, si j’avais pris une seule décision différente; si j’avais dit un non au lieu d’un oui.

Suis-je la seule ?

Eva

Les souvenirs

Quand j’étais petite je me demandais pourquoi je ne me rappelais pas des moments vécus quand j’étais encore un petit bébé. Je faisais des efforts pour me rappeler, mais il n’y avait rien qui me venait à l’esprit. Chaque jour, quand je rentrais de l’école, je courais dans ma chambre et je me jetais sur mon lit. Je fermais mes petits yeux et j’essayais de penser à mon plus vieux souvenir. Comme il était beau ce souvenir! Mais il était très court, de plus en plus court … Et puis, un jour quand je rentrais à la maison, je me suis allongée sur mon lit comme d’habitude et je commençais à penser; mes émotions étaient différentes, j’avais un sentiment de vide épais en moi. Ma gorge brûlait comme jamais. Tout d’un coup, je me réveillais, avec ce vide dense en moi et je commençais à pleurer. Je pleurais et je pleurais… Je ne me rappelais plus de mon petit souvenir, mon doux et léger souvenir. Je commençais à me demander si ma mémoire était pleine. Est-ce que ce serait possible? J’avais la mémoire saturée?

Les jours passaient et je n’avais toujours pas réussi à me remémorer, j’étais triste et je ne souriais plus. Je n’avais plus envie de me jeter sur mon lit, ni de fermer mes petits yeux, j’étais une personne triste et sans imagination, j’avais la mémoire chargée…

Aroa et Joana

Le Journal d’Hugo (23)

Le vendredi 26 décembre 2014

La pire chose qui aurait pu m’arriver est arrivée. Heureusement pour moi, mon père était derrière moi pour me rattraper lors de ma chute. Elle, celle que je déteste le plus au monde vient d’arriver, ma mère! Avec papa, on ferme la porte à clé à toute vitesse puis on retourne à table sans rien dire. Elle sonne une deuxième fois, cette fois c’est grand-père qui lui ouvre, il ne l’a pas reconnue. Deux minutes plus tard, je ne sais pas ce qui s’est passé mais maman a réussi à entrer dans la maison et à venir s’incruster à table avec nous. Après une longue discussion entre papa et cette sorcière, ils se dirigent vers moi, papa avec une tête d’enterrement et maman a la tête d’une personne qui aurait gagné au loto. Bref, je sens que rien de bon ne va m’arriver. Papa commence par me remémorer tous les bons moments qu’on a passés ensemble et il en a les larmes aux yeux. Maman poursuit en disant que la vie n’était pas si mal chez elle. Elle ajoute qu’une petite désintoxication de jeux vidéos ne me ferait pas de mal, dit que le luxe n’est pas fait pour moi et conclut en parlant de ma prise de poids chez papa. Le résultat: je dois partir, retourner vivre avec maman sans Arthur, tout seul. Rien que le fait de partir m’horrifie, mais en plus sans mon frère, avec qui je vais pouvoir jouer à la play? Ah non… j’oubliais, chez maman il n’y a rien, juste une télé que j’ai le droit de regarder une fois par mois.

Et même si je ne m’entendais pas avec lui je voudrais qu’il vienne avec moi, pour qu’il n’y ait pas de traitement de faveur. On ne va pas se le cacher, vivre chez mon père ou chez ma mère ce n’est pas la même vie. Malheureusement, je crois que la mienne sera chez ma mère et pour en rajouter une couche, je pars demain matin à la première heure. Il ne me reste donc plus qu’une heure chez mon père. À minuit, ma mère m’appelle: « Hugo, mon petit chéri, viens voir maman, c’est l’heure du départ. » Je serre toute ma famille dans mes bras en espérant les revoir bientôt. Mon petit frère me dit en rigolant par désespoir: Ciao ciao Hugo!

 

P.S: Grand-papa m’a tout expliqué, c’est lui qui a invité maman, car il ne l’a pas reconnue et dit toujours que Noël est un moment convivial que l’on partage avec tout le monde, voilà la raison pour laquelle il l’a laissée entrer et venir manger avec nous. La bêtise de grand-père va me coûter cher!

 

Je n’en peux plus d’écrire tous mes problèmes sur un petit bout de papier, je crois que je ne m’en sortirai jamais, en fait je ne crois pas, j’en suis persuadé.

Le journal d’Hugo (22)

Tout d’abord, je vous présente mes excuses, de ne pas avoir écrit plus tôt, mais je n’avais rien à dire de très intéressant, aucun problème jusqu’à présent.

Aujourd’hui, c’est Noël. La fête que je préfère après mon anniversaire bien sûr. On le fête avec toute la famille de papa, c’est génial, je vais recevoir plein de cadeaux. Moi, je n’en n’offre qu’à papa, Arthur et Simon. En fait, c’est parce que ça fait beaucoup d’argent pour le petit budget que je possède, ce n’est pas que je suis radin mais…

Je n’ai jamais fêté Noël chez mon père sauf les trois premières années de ma vie, mais je ne m’en souviens pas. Je n’ai pas offert de cadeaux à Rudolph et Tressia, car nous ne sommes plus trop en contact. Les invités arrivent à onze heures et demie, on prend l’apéro, tout va bien grâce aux chips et au Rimuss. Je suis très content de revoir mes grands-parents, cela faisait très longtemps que je ne les avais pas vus. On passe à table, c’est l’heure de la dinde farcie avec les marrons chauds qui l’accompagnent, c’est ça qui est génial à Noël, on mange trop bien. À quatre heures, les bûches arrivent sur la table, une au chocolat et une à la fraise et, si on a encore faim, des boules de glace sont servies avec des beignets et de la crème chantilly (c’est l’idée à mon père). À cinq heures et demie, je reçois enfin mes cadeaux, j’ai reçu pas mal d’argent, sous forme de bons pour des vêtements, des jeux vidéos et en liquide. Il est dix heures passées, les invités sont toujours là et tout d’un coup, la sonnette retentit :

Ding-Dong. À mon Dieu, c’est le pire cadeau de Noël de ma vie…