Journal d’un jeune en quarantaine

Sonnet

La quarantaine est bien là,
On ne peut pas y échapper,
Mais il ne faut pas oublier que c’est pour nous sauver,
Et c’est important qu’on ne déprime pas,

On vit heureusement dans des temps,
Où on peut facilement se divertir,
Et pleins ont un jardin où ils peuvent sortir,
Même s’il y en a qui doivent rester dedans,

Alors c’est important de rester fort,
De s‘empêcher au maximum d’aller dehors,
Et ne surtout pas oublier la solidarité,

Profitons-en pour faire plein de choses,
Voir la chose comme une opportunité
Et quand tout sera terminé on verra encore plus la vie en rose.

Aude

Journal d’un jeune en quarantaine

Jour 12 – 27 mars 2020

Aujourd’hui, nous avons eu notre première conférence vidéo avec la classe sur l’application Zoom. Ça n’avait pas vraiment de but précis, c’était seulement pour voir si ça fonctionnait et pour prendre des nouvelles des gens de la classe.

Personnellement, je suis pour les appels vidéos, je trouve que c’est une bonne idée, on communique facilement et c’est vraiment agréable de revoir les gens de la classe.

Aude

Journal d’un jeune en quarantaine

Jour 11 – 26 mars 2020

Je me couche et me lève de plus en plus tard. Ça m’embête un peu étant donné que ça casse tout rythme de vie. Je ne suis pas très organisée sur le travail scolaire et je me perds un peu sur ce que j’ai fait et ce que je dois faire. Les journées se ressemblent et sont de plus en plus longues. Je vais trouver une solution pour m’organiser.

Aude

Journal d’un jeune en quarantaine

Jour 8 – 23 mars 2020

Nous commençons à présent la deuxième semaine de quarantaine. J’ai l’impression que ça fait un mois que nous ne sommes plus allés à l’école alors que ça fait une semaine. Le temps passe vraiment lentement.

Aujourd’hui, j’ai développé une sorte de paresse due à l’enfermement, me décourageant de faire tout devoir. Mais je m’y suis quand même mise, ma raison reprenant le dessus.

Aude

Jour 9 – 24 mars 2020

On dit souvent que mardi est le jour du travail, et j’ai l’impression que c’est assez vrai. J’étais extrêmement peu motivée, mais pourtant j’ai accompli pas mal de devoirs à faire. J’ai vraiment peur de me faire surcharger. Je ne sais pas si pour le moral je vais tenir encore un mois comme ça, surtout qu’on est seulement à la deuxième semaine. Ce matin, et c’est la première fois que ça me fait ça, j’ai réellement cru que je me réveillais pour une journée d’école normale.

Ça me manque. Tout me manque. Je ne vois plus mes amis et ça me procure un vide au fond de moi.

Je peine à trouver une routine, c’est dur. J’aimerais vraiment retourner à l’école, je n’ai jamais voulu de cette quarantaine.

Aude

Journal d’un jeune en quarantaine

Jour 3 – 18 mars 2020

Ce matin, nous avons reçu plusieurs e-mail de différents professeurs, nous donnant des devoirs. Nous avons à présent un travail pratique de maths, des tests de français à faire sur internet, des messages à envoyer à un correspondant de plus de 65 ans, un exposé sur le sujet d’un roman au choix à commencer et des chapitres à lire et à discuter avec son voisin de table qui sont tirés du célèbre livre « Journal d’Anne Frank », qui elle aussi a subi un confinement, bien qu’il soit beaucoup plus sévère et grave que le nôtre. Nous, nous pouvons encore vaquer à certaines occupations et pouvons encore respirer l’air libre.
Pour ma part, j’ai également des vidéos de cours de musique à envoyer à ma professeur.
J’ai commencé le programme assez tôt, pour ne pas être dépassée par le travail.

Aude

Journal d’un jeune en quarantaine

Jour 1 – 16 mars 2020

Nous sommes lundi. C’est le premier jour de cours suspendus. Au début, je n’y croyais pas, à la fermeture des écoles. Je l’appréhendais et la redoutais, mais c’est arrivé. Ce qui prouve que nous traversons quelque chose de bien plus grave que ce que nous voulions tous admettre. J’ai moi-même personnellement du mal à réaliser, étant donné que nous craignons quelque chose à laquelle je ne suis pas touchée directement. Même si – il faut se rendre à l’évidence va fort probablement arriver.
Je pense que les mesures qui vont suivre ces sept prochaines semaines seront de plus en plus strictes, obligeant les gens au maximum à rester confinés chez eux.
Je crains aussi que je devrais renoncer à tout moment avec mes amis, étant donné que c’est avec le contact humain que le virus se répand, bien que l’ennui et le manque de contact avec mes proches sont les choses que je redoute le plus.
Je me pose encore beaucoup de questions sur comment va fonctionner l’enseignement à distance. Des appels ? Des vidéos ? Des messages ? Mais je sais que les réponses arriveront dans les jours qui suivent.

Aude

Journal d’un jeune en quarantaine

Jour 4 – 19 mars 2020

Nous avons reçu énormément de devoirs entre hier et aujourd’hui. Nous sommes jeudi et nous avons maintenant un programme complet et bien organisé. Les devoirs d’anglais sont arrivés ce matin, nous donnant un planning précis hebdomadaire à suivre pour les quatre prochaines semaines. Des devoirs d’allemand sont aussi arrivés hier dans la soirée, rallongeant la liste de choses à faire.
Je ne crains plus trop l’ennui à présent, et à vrai dire je suis quelque peu stressée par tout le programme scolaire, j’ai peur de ne pas tout finir à temps. J’essayerai d’être très organisée pour ne pas me faire dépasser par le travail.

Aude

My body, my rules.

Comme tous les jours, je sors du boulot à 17h.
Je prends la rue principale.
J’ai peur.
Je redoute.
Deux sans-abris s’échangent des cigarettes dans un coin.
Je marche sur le trottoir sale à côté de la route.
J’entends quelqu’un crier derrière moi.
« Eh toi ! J’te b**** ! »
Je me retourne.
C’est encore ce gars. Et ses potes.
« Sale p*** ! »
Les gens se retournent pour voir à qui il a parlé.
Les larmes me montent aux yeux, mais j’ai l’habitude. C’est comme ça tous les jours.
Je continue à marcher.
Des hommes sifflent sur mon passage.
J’enrage. Je ne suis pas un chien !
Un garçon qui semble avoir quinze ans m’achève :
« Eh co*****, tu l’as mise pour moi cette jupe ?! »
Et voilà, tout ça à cause de ça.
Parce que je porte une mini-jupe.
Parce que je m’assume.

Aude et Nadia

Froid

Je grelottais seule, dans le froid de ma vie. Elle était si lisse, si triste, si vide. Elle était sombre, dure. Je me battais tous les jours pour ne pas rester coincée dans la glace à tout jamais. Chaque seconde qui passait était une lutte contre l’hiver. Pour ne pas tomber dans la crevasse cachée sous la neige. Puis, pendant un jour de grêle, je t’ai vu. Tu dégageais une chaleur agréable. Je me suis approchée de toi et je ne grelottais plus du tout. Tu m’a souri, en même temps tu as enlevé le froid qui me tuait chaque minute. Maintenant, tu restes près de moi. Tu me réchauffes quand ça ne va pas. Ma vie est devenue vivante, réchauffée. Je ne pleure plus. Tu es le marin qui a brisé l’iceberg de ma triste routine.

Aude

Le bracelet élastique

J’ai neuf ans, je suis en Chine, dans ma résidence. Ma meilleure amie, Amira, est à côté de moi, on rigole ensemble en allant avec sa mère à la supérette. On arrive dedans, et sa mère, Limi, nous fait signe de venir vers un coin du petit magasin.
— Come here !
(— Venez par ici ! )

Amira et moi y allons ensemble, et quand nous arrivons, Limi nous montre quelque chose en souriant :
— Look theses bracelets ! It’s so cute !
(— Regardez ces bracelets ! C’est trop chou !)

Limi nous montre des petits bracelets élastiques de différentes couleurs. J’ai tout de suite aimé ces espèces d’élastiques. Spécialement le jaune fluo.

— Do you want one ? demande la mère d’Amira.
(— Vous en voulez un ?)

— Yes, thank you very much ! m’exclamé-je.
(— Oui, merci beaucoup !)

Je suis ravie. Je prends le bracelet jaune tandis qu’Amira prend un de la même couleur mais plus transparent. Je souris. J’aime beaucoup Amira, je l’ai rencontrée ici, en Chine, on est voisines, et rien ne peut nous séparer. On rentre ensemble chez elle, avec nos nouveaux bracelets magnifiques. Pour moi, ce bracelet représente mes délires avec Amira, mes amies de l’école, ma maison ici, la Chine, quoi. J’adore ce bracelet, j’adore la Chine, j’y suis tellement heureuse.

Six mois plus tard
Je suis dans mon lit, je pleure. Je ne veux pas y aller, je ne veux pas, je ne veux pas ! Mes parents nous a annoncés, il y a deux semaines qu’on rentrait en Suisse. Quand on m’a dit ça, je me suis d’abord pétrifiée, puis j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Ma mère m’appelle en bas, elle me dit que le chauffeur nous attend. Non, je ne bougerai pas, pas question ! Ma mère monte les escaliers, marche dans le couloir, entre dans ma chambre et me dit qu’on doit se dépêcher. Je m’accroche à mon oreiller et regarde mon bras. Le bracelet y est toujours. Je pleure à nouveau. Ma mère me tire le bras et me fait lever de mon lit. Désespérée, je prie pour que quelqu’un fasse quelque chose. On s’apprête à m’arracher ma vie en Chine. Ce que j’ai de plus cher. Je ne veux pas y aller ! Je ne verrai plus jamais mes amies, ma maison, mon école, Amira. Ma mère me pousse gentiment et je descends les escaliers. Mes joues sont trempées. Je sors de la maison, pour la dernière fois, et regarde mon bracelet fétiche. Jamais je ne m’en séparerai.

Aude