J’ai neuf ans, je suis en Chine, dans ma résidence. Ma meilleure amie, Amira, est à côté de moi, on rigole ensemble en allant avec sa mère à la supérette. On arrive dedans, et sa mère, Limi, nous fait signe de venir vers un coin du petit magasin.
— Come here !
(— Venez par ici ! )
Amira et moi y allons ensemble, et quand nous arrivons, Limi nous montre quelque chose en souriant :
— Look theses bracelets ! It’s so cute !
(— Regardez ces bracelets ! C’est trop chou !)
Limi nous montre des petits bracelets élastiques de différentes couleurs. J’ai tout de suite aimé ces espèces d’élastiques. Spécialement le jaune fluo.
— Do you want one ? demande la mère d’Amira.
(— Vous en voulez un ?)
— Yes, thank you very much ! m’exclamé-je.
(— Oui, merci beaucoup !)
Je suis ravie. Je prends le bracelet jaune tandis qu’Amira prend un de la même couleur mais plus transparent. Je souris. J’aime beaucoup Amira, je l’ai rencontrée ici, en Chine, on est voisines, et rien ne peut nous séparer. On rentre ensemble chez elle, avec nos nouveaux bracelets magnifiques. Pour moi, ce bracelet représente mes délires avec Amira, mes amies de l’école, ma maison ici, la Chine, quoi. J’adore ce bracelet, j’adore la Chine, j’y suis tellement heureuse.
Six mois plus tard
Je suis dans mon lit, je pleure. Je ne veux pas y aller, je ne veux pas, je ne veux pas ! Mes parents nous a annoncés, il y a deux semaines qu’on rentrait en Suisse. Quand on m’a dit ça, je me suis d’abord pétrifiée, puis j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Ma mère m’appelle en bas, elle me dit que le chauffeur nous attend. Non, je ne bougerai pas, pas question ! Ma mère monte les escaliers, marche dans le couloir, entre dans ma chambre et me dit qu’on doit se dépêcher. Je m’accroche à mon oreiller et regarde mon bras. Le bracelet y est toujours. Je pleure à nouveau. Ma mère me tire le bras et me fait lever de mon lit. Désespérée, je prie pour que quelqu’un fasse quelque chose. On s’apprête à m’arracher ma vie en Chine. Ce que j’ai de plus cher. Je ne veux pas y aller ! Je ne verrai plus jamais mes amies, ma maison, mon école, Amira. Ma mère me pousse gentiment et je descends les escaliers. Mes joues sont trempées. Je sors de la maison, pour la dernière fois, et regarde mon bracelet fétiche. Jamais je ne m’en séparerai.
Aude