Le journal d’Hugo (21)

Le vendredi 17 octobre 2014

Cela fait une semaine que je n’ai pas écrit parce qu’il n’y a rien à dire. Ma vie se passe bien, j’ai des amis, une PS4 et des petits-déjeuners de rêve tous les jours. J’écrivais mes journaux à cause de mes problèmes et des événements difficiles que j’ai vécus, car cela m’aidait. Désormais, je mène une vie moins solitaire et nos disputes familiales se sont apaisées. Voilà pourquoi, je n’ai plus besoin d’écrire de journal. J’espère que vous ne m’en voulez pas, vous, mes lecteurs imaginaires. Ne soyez pas fâchés de mon bonheur!

le journal d’Hugo (20)

Le jeudi 9 octobre 2014

Je me lève à sept heures, j’ai largement le temps de me préparer, car aujourd’hui, je commence les cours à huit heures vingt-cinq. Malgré que cela fasse trois jours que j’ai des déjeuners de rêves, je les apprécie tout autant. Je prends l’initiative de marcher jusqu’au collège, cela me prend cinq minutes. Je me rends compte que malgré le fait que hier j’ai été super bien accueilli, aujourd’hui, je suis tout seul dans la cour; au bout de trois minutes, je décide d’aller vers mes camarades. À la sonnerie, je vais à la place que m’a donnée ma maitresse de classe hier. Elle m’impressionne tout autant, par sa taille et sa largeur d’épaules, on dirait un rugbyman. Aujourd’hui j’engage directement la conversation avec Simon, je le trouve très gentil. Je rentre chez moi avec beaucoup d’autre personnes, on passe à la Coop, je prends un thé froid citron. Puis je rentre et je joue à la play avec mes copains…

Le journal d’Hugo (19)

Le mercredi 8 octobre 2014

Aujourd’hui, c’est mon premier jour d’école à Sion. Je me lève à sept heures et quart puis je mange le petit déjeuner. Papa nous amène au collège en voiture. Ça va faire bizarre d’arriver au cours de l’année, même si j’ai déjà vécu ça auparavant. J’espère que je serai mieux accueilli qu’à Lausanne. Arrivé là-bas, la maîtresse, une dame baraquée, grande presque de deux mètres, me place au fond de la classe à côté d’un certain Simon. Il ressemble énormément à Rudolph et j’espère qu’on va bien s’amuser. À la récréation, je suis entouré d’une foule d’élèves qui me posent des tas de questions. Je leur raconte l’histoire de ma mère et de Misha, ils n’avaient pas l’air de me croire. Dans tous les cas, ce premier jour s’est super bien passé et je connais déjà plein de gens. Pour demain, je n’ai pas de devoirs donc je passe la soirée devant la télé, le train-train quotidien de la vie à l’école recommence…

 

Le journal d’Hugo (18)

Mardi 7 octobre 2014

Aujourd’hui, vu que c’est le premier jour chez papa, je ne vais pas à l’école pour avoir le temps de m’habituer à Sion. Papa a pris congé pour s’occuper de nous.

Avec mon frère, on décide de tout lui raconter à propos des natels. Il trouve que ce n’est pas juste de nous les confisquer. Je lui ai aussi raconté la mission sauvetage de l’IPad mini.

Pour le petit-déjeuner, encore des viennoiseries. Durant la matinée, on fait une partie de FIFA, puis on va en ville. On passe à la Fnac; je pense qu’on y va pour racheter un téléphone portable (en tout cas, je l’espère). On se dirige au rayon pour prendre un Iphone 6 puis à celui des consoles de jeux où papa nous achète des jeux pour la PS4. On regarde les couvertures puis on en choisit deux chacun; moi, j’ai pris GTA V et Watch Dogs. Nous rentrons à la maison et papa dit: “Je pense qu’on devrait arrêter de jouer, trop d’écran pour aujourd’hui.” Le reste de la journée se passe à merveille…

Le journal d’Hugo (16)

Le dimanche 5 octobre 2014

Hier, la journée a été dramatique pour moi, j’espère que celle-ci sera meilleure. Ça devrait aller, elle pourra difficilement être pire. Je vais tout faire pour que maman quitte Misha, il faut surtout que je fasse en sorte qu’elle ne devienne pas comme lui. Quand j’ai pleuré la veille, Marley – c’est le rat de Misha – est venu vers moi, peut-être pour me réconforter; j’avoue que c’est bizarre de se faire réconforter par un rat.

J’ai donc appris qu’il était fan de Bob Marley; vu le nom de son rat – Marley – et celui de son pigeon – Bob – ça se devine. Il m’a empêché de dormir toute la nuit, a balancé du reggae dans toute la maison jusqu’à trois heures du matin. Bref.., j’ai vraiment pété un câble.

Maman est à fond dans son ambiance, je me demande bien comment elle fait: elle lui trouve quoi de bien à ce type? Il passe sa journée à fumer une espèce de grosse chicha ça s’appelle un bang. Il en a proposé à Arthur, qui a dit non. Misha a essayé de le forcer mais j’ai défendu mon frère. C’est à ce moment précis que maman est arrivée. On lui a tout raconté, elle a engueulé Misha. Même si elle est avec cette homme étrange, elle reste notre maman protectrice. Je dois déchanter.

– Tu es fou, lui a-t-elle dit, je ne veux pas que tu drogues mes enfants! La drogue c’est pas pour eux, c’est pour nous deux. Donnes-en un peu!

Ding-dong! Peut-être d’autres amis à maman? Mon coeur va rendre l’âme, je me suis évanoui.

Le journal d’Hugo (15)

Le samedi 4 octobre 2014

Désolé, mais je n’ai pas pu finir d’écrire le dernier épisode, car je me suis évanoui. La personne qui est entrée avait un style vestimentaire vraiment bizarre. Un peu à la Bob Marley. Il ne sentait vraiment pas bon. Un peu comme la cigarette, mais en plus fort. Il avait un rat sur l’épaule, tenait dans sa main droite une cage à pigeon et une bière dans la main gauche. Il avait même des dreadlocks. Maman lui a roulé une pelle devant nous. C’est à ce moment-là que je me suis évanoui: pour une fois, moi et Arthur étions synchro. A la sortie de mon évanouissement, je l’aperçois. Il me dit:

– Salut fiston!

– Euh… bonjour monsieur, qui êtes vous?

– Bah Misha, ton nouveau papa.

– Vous allez rester vivre avec nous?

– Oui, vu que je sors avec ta mère. Et puis tu peux me tutoyer!

– D’accord, comme tu veux. Tu fais quoi dans la vie?

– Je m’amuse, je fais quelques bêtises et ensuite je déménage.

– Mais tu fais comment pour gagner ta vie?

– J’ai une petite affaire qui marche assez bien.

– Bon, je te laisse, je vais pleurer dans ma chambre.

Il faut reconnaître que là c’est l’apocalypse, Marley me suit.

Qui est-ce?

Il nous envahit…

Il nous surprend…

Il nous entoure…

Il nous agite…

Il nous entraîne…

Il nous gèle…

Il nous étouffe…

Il nous paralyse…

Il nous presse…

Il nous dérange…

Nora

Perdue dans mon monde

Je suis concentrée sur mon travail, j’essaye d’avancer. L’instant d’après, je me surprends en train de regarder par la fenêtre. Mes yeux se baladent entre les maisons, les champs, les forêts, les villages voisins. J’observe tous les détails du paysage, puis je m’arrête sur les montagnes enneigées. Je lève les yeux, le ciel est couvert. Le soleil essaye de percer mais les nuages résistent. Quelques gouttes de pluie commencent à tomber, c’est le signal de me remettre au travail.

Chiara et Tina

Une histoire

Un ticket d’aller en avion, mais pas de retour, il faut absolument trouver un appartement en Suisse, sinon on sera obligé de rester en Italie. Aller avec une telle espérance là-bas, voilà le courage dont a fait preuve ce père.

Enchaînement de coïncidences, l’appel de mon père et l’appartement nous appartient. En Italie, dans cette maison miteuse, les larmes coulent sur nos visages. L’émotion est indescriptible.

Quitter cet endroit me remplit d’une immense tristesse, mes amis que je ne vais, sans doute, plus revoir. L’animation dans les rues, les coups de klaxons qui sont pourtant des habitudes qui vont être des souvenirs gravés à jamais dans ma petite tête d’enfant immature.

Nous sommes arrivés en Suisse, dans cet appartement, plus propre, plus…tout. Mais, il manquait quelque chose… Le silence régnait comme un véritable cimetière, on se demandait où les gens étaient passés. Le bruit régnait dans ce pays où l’on chante. Mais ici, la joie de vie est comme transparente.

Toujours être discret, ne pas être tactile. Les questions des jeunes enfants peuvent nous paraître si insensées, mais elles sont des faits, une réalité. Je me demandais avec ma petite taille pourquoi les Suisses qui vivent dans cette endroit magique, peuvent être si malheureux?

En Italie, on est joyeux, mais on vit avec peu d’argent, avec peu de choses. On siffle des chansons qui nous donnent envie de danser, de croquer la vie à pleine dents comme dans une sfogliatella.

Maela

A travers elle

Je vois la neige tomber au ralenti,

La pluie taper le sol,

Le vent qui fait danser les arbres,

Les montagnes enneigées,

Les oiseaux qui s’envolent,

Le soleil qui se lève,

Les maisons qui ne bougent jamais,

Les voitures coincées dans le trafic,

Elle me montre le monde qui m’entoure, à travers sa transparence.

 

Je vois mon reflet comme dans un miroir,

Mais en plus sombre,

En moins distingué,

Tout est visible,

C’est comme si tout était à double,

Un monde où tout est pareil,

Mais en même temps si différent,

Après un petit moment, je décide de me remettre au travail.

Anisha