L’art de la danse

Dans un froid glacial, après avoir fini mes cours, passé du temps à réfléchir à toutes ces formules mathématiques, j’arrive au studio.
Le cours va commencer, la musique est lancée, elle me hante comme si j’étais la musique elle-même. Je danse, le monde s’est arrêté. Les problèmes se sont envolés comme les oiseaux partent vers le sud.
Je ne danse pas seulement parce que j’aime cela, je danse car c’est une réelle passion. J’ai le souhait d’atteindre les sommets, d’aller plus haut, viser plus loin.
Quand j’ai fini c’est un véritable « reset » dans ma tête, les choses reprennent une autre couleur, je me suis évaporée et je reviens dans la vie active.
Dans le métro, la barre devient un studio improvisé, je révise discrètement les quelques pas que j’ai retenus.

Maela

Se perdre

Est-ce qu’on se pose toutes ces questions pour rien?
Des plus simples au plus compliquées, rester sans réponse est parfois difficile et injuste.
Ne plus savoir qui on est et ne plus croire en la vie est un sentiment nébuleux qui nous arrive tous un jour, mais c’est peut-être simplement grandir.
Se perdre pour mieux se retrouver est facile à dire, mais agir c’est tout autre chose.

Eva

Le journal de Jordan 1

lundi 9 novembre

Bonjour,
Moi, c’est Jo’ ou Jordan, 15 ans, en dernière année scolaire. Chez moi, c’est la galère; mon père, Jean-Mi, est alcoolique et fumeur (et pas que des cigarettes) mais il est très gentil, voir un peu trop. Ma mère, c’est totalement différent; sévère, jamais là quand il faut, elle travaille dans des bureaux. J’ai deux frères, Brandon et Nathanaël. Brandon, petit, gros, moche, débile et surtout, fan de tuning (en gros le contraire de moi). L’autre, Nathanaël, c’est un intello qui n’a pas d’amis. Il est gai. Bien-sûr, c’est le préféré de la famille.
Je vis dans un camping. Pas terrible pour aller à l’école, mais on fait avec! Ma mère, Fatu, est africaine, quand elle était petite, elle habitait à Mbini en Afrique, en Guinée Equatoriale. Mon père quant à lui, a quasiment toujours vécu dans un camping. Les proprios sont sympas, mais ils nous prennent parfois pour des fous! Notre vie, pour l’instant, va bien; elle suit son cours…

Pierre, Théo et Thomas

 

Le diable se lève tôt

Chaque matin, il survient, ce même problème, ce même cauchemar. Avant même le petit-déjeuner, on se torture la tête. Au minimum, on perd quinze minutes pour cette simple tâche quotidienne. Quitter son petit paradis chauffé pour crever de froid en enlevant son gros pyjama. On s’impose un questionnement inutile sur la météo et les lieux qu’on fréquentera durant la journée.

Il est là ce cauchemar, ce problème. S’habiller.

Elodie

La maison de la mort

La maison était vraiment très vieille, cassée. Je rentrai à l’intérieur, les murs étaient étroits, remplis de toiles d’araignée et de taches, on entendait des bruits, comme si quelqu’un vivait encore là. Mais plus on allait en avant, plus l’odeur était prononcée, comme si quelqu’un était mort, c’était mauvais signe. Je montais les escaliers, toujours en regardant derrière moi. Je me trouvai dans le couloir du deuxième étage. J’avançais, quand soudain je vis une porte fermée. Je me demandais quelle pièce c’était, alors je mis la main sur la poignée et appuyai, je fus surprise et déçue: la porte était fermée à clé. Du coup, je partis à la cuisine et je pris un couteau. Je revins devant la porte et je la défonçai. Je me retrouvai nez à nez avec un cadavre. Je me rapprochai et je vis plein de petits animaux qui mangeaient le corps.

Morgane

Pourquoi se fatiguer

Pourquoi devons-nous faire ce que nous faisons chaque jour? Pourquoi se donner de la peine, s’efforcer alors que rien n’est certain?
Du jour au lendemain tout peut disparaitre…
Mais on s’efforce de travailler pour pouvoir réaliser des rêves alors que le temps défile à une allure folle, alors que des gens ne font rien en ayant tout et que d’autres peuvent tout faire mais ne rien avoir. Que faire si vous avez tout essayé mais jamais rien réussi? Se concentrer sur ses études pour vouloir avoir un bon métier? Ou profiter de sa jeunesse ?
A vous le choix…

Henoke

Ma vie

Des fois je pense à ma vie et je me pose des questions. « Pourquoi je suis en Suisse? Pourquoi je ne suis pas avec mes amis, avec ma famille, en Sicile? »

C’est difficile à expliquer mais parfois, je m’arrête et je pense à tout ce que j’ai fait avant de venir en Suisse, à tous mes amis, à toute ma famille. Des fois je parle avec des gens et je me demande s’ils comprennent combien ma vie est difficile.
Parce que les gens ne regardent parfois pas tout ce qu’un garçon a traversé durant toute sa vie. Les gens, souvent, ne regardent que le présent des personnes.
Si quelqu’un rit quand on le regarde, on pense que ça va, qu’il va bien. On a l’habitude de regarder l’extérieur d’une personne et on ne regarde pas ce qui s’est passé tout au long de sa vie.
Si quelqu’un s’habille bien, on pense qu’il vit bien, on ne pense pas à comment elle a gagné de l’argent pour s’acheter des beaux habits.
C’est difficile d’aller à l’école mais je ne montre pas aux gens ma tristesse, ma difficulté de venir en classe, parce que c’est un choix de vie.
Il arrive que les gens me disent: « Si tu n’aimes pas rester un Suisse, pourquoi tu ne retournes pas dans ton pays? ». Les gens ne savent pas ce qui se passe maintenant dans mon pays et que c’est difficile d’avoir un futur. C’est pour ça que je reste en Suisse: pour avoir un bon futur et que mes parents soient fiers de moi.

Des fois je ne pense pas à ma vie, surtout quand je joue au foot. C’est un sport important pour moi et je ne sais pas comment je vais réagir quand je vais devoir arrêter de jouer. Ça fait rire mes parents, mais c’est vrai, quand je joue, je ne pense plus à ma vie.

Quand ils rient, mes parents, je suis super content parce que je sais les sacrifices qu’ils font tous les jours pour m’acheter des trucs. Mes parents, quand ils me voient rigoler, ils sont contents. C’est pour ça qu’ils nous achètent tout. Parce qu’ils aiment nous voir rigoler.

Mais chaque jour c’est difficile pour moi. J’aimerais tellement retourner en Italie, aussi pour voir mes parents contents. J’aimerais bien retourner à l’école; monter dans le bus et voir tous mes amis; parler ma langue….

Petit à petit, quand je retourne au pays, je me rends compte que je suis toujours plus différent d’eux. Là-bas, quand ils parlent de l’école, je suis toujours à côté, j’écoute mais je ne parle pas. Mes amis comprennent ma difficulté, c’est pour ça que je les aime bien.

J’aimerais trop retourner dans mon pays et continuer ma vie normale, mais je peux pas.

Antonio

La Peur

Quand on est petit et qu’un adulte nous pose la question « De quoi as-tu peur ? », on répond souvent « des monstres qui sont sous le lit ». Dans mon cas, j’avais peur des vielles poupées, celles genre Annabelle qui te regardaient bizarrement.
Après, quand on grandit et que certains nous posent encore une fois la question, on répond « J’ai peur de l’altitude ». Moi, j’avais peur de « me faire oublier à l’école ».
Quand enfin on est grand et qu’on sait vraiment Notre Peur, les réponses sont souvent impressionnantes. Alors qu’on m’interrogeait à nouveau, j’ai bien réfléchi et j’ai dit ‘« J’ai peur de perdre ». Perdre quelqu’un de proche et de ne pas être suffisamment forte pour soutenir ma famille après la perte. Je trouve que perdre quelqu’un c’est triste. Après avoir perdu mon oncle, ma vie a complètement changé et à plusieurs reprises je me suis dit, que ça ne devait pas se passer comme ça, que que les choses auraient pu se passer d’une autre façon ! Mais on ne peut pas changer les choses. La peur sera toujours là c’est inévitable.

Rafaela