DIS SIRI

45 minutes avant

Après être restée au moins deux heures sur mon téléphone, je commence à avoir faim et je le pose sur mon lit. Je décide d’aller chercher quelque chose pour me le mettre sous la dent.

– Maman ? crié-je.

Aucune réponse. Je me dirige vers sa chambre, personne. J’imagine qu’elle n’est pas là. J’ai dû oublier qu’elle et mon père rentreraient plus tard aujourd’hui. Je me décide à prendre un verre de lait et trois petits cookies et j’allume la télévision. Quelques instants plus tard, le téléphone sonne dans la pièce d’à côté. C’est sûrement une annonce, ma mère ne m’appelle jamais sur le téléphone fixe. Il sonne plusieurs fois avant de s’arrêter brusquement. Mais contrairement à ce que je m’attendais, j’entends une voix :

« Allô ? Layanah ? Bon, je ne sais pas si tu m’entends mais je voulais juste te dire que désormais je t’appellerai sur le fixe, car je n’arrive pas à te joindre sur ton portable. On va rester encore un petit moment chez les Miller. Ah oui et sinon… »

Et là, plus rien. Je ne me préoccupe pas de ce qui vient de se passer mais je me demande quand même comment le fixe a pu être décroché si je n’étais même pas dans la pièce. Sûrement un problème dans le système. Je vais chercher mon téléphone portable qui est posé sur mon lit, dans ma chambre. Trois appels manqués. Deux de ma mère et un appel masqué. Siri, une application de commande vocale, enclenche directement ma messagerie pleine. Plusieurs messages vocaux ont été envoyés. Je les écoute puis j’entends une suite de mots insensés dictée par une voix mécanique :

– Juliett. Echo. Sierra. Uniform. India. Sierra. Lima. Alfa.

Zofia et Virginie

My body, my rules.

Comme tous les jours, je sors du boulot à 17h.
Je prends la rue principale.
J’ai peur.
Je redoute.
Deux sans-abris s’échangent des cigarettes dans un coin.
Je marche sur le trottoir sale à côté de la route.
J’entends quelqu’un crier derrière moi.
« Eh toi ! J’te b**** ! »
Je me retourne.
C’est encore ce gars. Et ses potes.
« Sale p*** ! »
Les gens se retournent pour voir à qui il a parlé.
Les larmes me montent aux yeux, mais j’ai l’habitude. C’est comme ça tous les jours.
Je continue à marcher.
Des hommes sifflent sur mon passage.
J’enrage. Je ne suis pas un chien !
Un garçon qui semble avoir quinze ans m’achève :
« Eh co*****, tu l’as mise pour moi cette jupe ?! »
Et voilà, tout ça à cause de ça.
Parce que je porte une mini-jupe.
Parce que je m’assume.

Aude et Nadia

Dans la peau

Ce matin, je suis au marché en train de choisir mes légumes.

Bonjour!
Bonjour, dit le marchand.
J’aimerais des tomates, des carottes, une aubergine et du pain s’il vous plait.
Ça vous fera 16.20 frs.
Je vous donne ça tout de suite.

Je cherche dans mon sac à main en dentelle mais dans mon porte-monnaie il n’y a rien. Mon mari ne m’a pas donné d’argent pour les courses.

Excusez-moi mais je n’ai pas d’argent, je reviendrai plus tard.

Je décide donc de partir. J’en ai marre de ne pas être indépendante, toujours avoir mon mari sur le dos. Je sens une larme perler sur ma joue puis une autre et encore une autre. Il faut que tout ça change sinon je vais devenir folle.

Marina et Benoît

Dans la peau d’une femme – Les injustices de la femme

Aujourd’hui, quand je me balade dans la rue, je ne me sens pas en sécurité car je sais, qu’à tout moment, je peux me faire agresser par un homme. Je risque de me faire insulter ou de me faire chambrer car je porte juste une jupe. Alors pourquoi les garçons peuvent-ils porter des shorts et nous pas de jupe? Pourquoi me faire traiter de P***? Parce que je montre un peu trop mes jambes? Je pense que je suis assez grande pour prendre mes propres décisions, car la femme est libre et ne doit pas se soumettre aux idées des hommes.
Elle ne devrait pas se faire battre à mort ou se faire violer. En Suisse, en moyenne, une femme meurt tous les quinze jours suite à des coups portés par son mari. Dans le monde, une femme sur trois se fait violer une fois dans sa vie ce qui correspond à un tiers des femmes.

Cela n’est pas juste, pourquoi les femmes devraient-elles toutes subir ces atrocités qui peuvent les conduire à la mort?

Ethan

Dans la peau d’une femme – Isabella Bird

D’après l’histoire vraie de Isabella Bird, une Écossaise aventurière qui a vécu de 1831 à 1904 et qui a rencontré une tribu hawaïenne. A l’époque Hawaï s’appelait les Îles Sandwich.

Ce matin, mon dos me fait souffrir plus que jamais. Dehors, j’entends le capitaine donner des ordres à son équipage: « Virez à bâbord! Plus de charbon dans la chaudière!… » Eh oui, je me trouve sur un bateau! Tout a commencé il y a à peine deux semaines. Comme d’habitude, je me suis rendue chez mon médecin en espérant qu’il ait trouvé un moyen de soigner ce mal de dos qui dure depuis près d’un mois. C’est alors qu’il m’a dit qu’il avait enfin trouvé le moyen de me guérir: partir faire un voyage jusqu’en Californie! Je me mets alors à la recherche d’un bateau qui pourrait m’y emmener… Je n’ai trouvé qu’un vieux vapeur hors d’âge. Mais n’ayant guère d’autre choix, je décide de quand même tenter ma chance et mon voyage commence. Mais, deux jours plus tard, j’ai eu si mal au dos que je finis par perdre goût à la vie.
Nous revoilà donc au début de notre histoire. Mon dos me fait si mal que lorsque un peu plus tard, un ouragan apparaît à l’horizon, je me dis juste « tant pis ».

***

Par miracle, je survis à la tempête. C’était comme naître une seconde fois. Après avoir échappé de si près à la mort, je ne me suis jamais sentie aussi vivante! Si bien que je décide de passer une longue escale aux îles Sandwich… c’est ici que j’apprends à faire du cheval. Quelque jours plus tard, je rencontre une tribu hawaïenne qui m’apprends plein de choses sur la nature et sur les îles Sandwich. Mais déjà le jour du retour approche et je dois faire mes adieux à la tribu. Je ne les remercierais sans doute jamais assez de m’avoir accueillie parmi eux. Quelques jours plus tard, je me retrouve à nouveau au port des îles Sandwich. Le voyage retour vers l’Écosse se passe sans encombre. Une chose est sûre, je ne suis pas prête d’oublier ce voyage!

Arthur

Dans la peau d’une femme – Je ne pouvais pas…

13 juin 1962
Je ne pouvais pas le garder. J’ai dix-huit ans, je n’ai pas de travail.

Quelques semaines avant

Quand je me suis rendue compte que j’étais enceinte, je n’ai pas eu d’autre choix que de me faire avorter. J’ai trouvé une femme qui a accepté de me « délivrer » pour 3 500 francs*. Trois jours après, elle est venue chez moi. Elle m’a demandé de m’allonger sur la table de la salle à manger, recouverte d’un draps. Elle a sorti une aiguille à tricoter et soudain j’ai eu mal, très mal. Tout mon corps tremblait, j’étais secouée de spasmes. Et ensuite, je ne me souviens plus de rien.

Mathilde et Méline

Dans la peau d’une femme

Je m’appelle Nayanha et j’ai 10 ans. Je vais vous raconter l’histoire de ma mère. C’était il y a 5 ans. Mon père n’était pas souvent à la maison à cause de son travail. C’était ma mère qui s’occupait de moi. Je n’allais pas souvent à l’école parce que ma mère disait que j’avais de la fièvre. J’étais sûre qu’elle me cachait quelque chose parce que je me sentais toujours bien. Une nuit j’ai entendu des cris. Ça venait de la chambre de mes parents. Je suis donc allé dans leur chambre pour voir ce qui se passait et j’étais horrifiée par ce que je voyais. Mon père était en train de taper ma mère. Mais aucun des deux ne m’a remarqué. Je n’ai pas réussi à dormir cette nuit-là. Le lendemain, j’ai vu ma mère avec plein des bleus et des traces sur tout le corps. Arrivée à l’école, je me suis jetée dans les bras de ma maîtresse et lui ai raconté tout ce qui s’était passé. Elle m’a rassurée et m’a emmenée voir la psychologue scolaire. Pendant ce temps, ma professeure de classe est allée au commissariat de police pour dénoncer mon père. Le soir même, il a été mis en prison.

Anna et Marie

La page arrachée

Tout d’un coup, Adèle se réveilla et essaya de reprendre son souffle. Elle essuya son front en sueur et décida de se lever et d’aller prendre l’air sur son balcon. Le vent soufflait et ses cheveux roux virevoltaient dans le souffle glacial de l’hiver. Elle reprit son souffle et elle décida de monter sur la rambarde et s’assit. Elle pensa à tout ce qui lui était arrivé après que cette personne, aussi indigne qu’elle soit, était entrée dans sa vie. Elle réfléchit au fait que, si elle ne lui avait pas adressé la parole, tous les problèmes qu’elle avait aujourd’hui ne seraient jamais arrivés. Mais un craquement brusque interrompit ses pensées. Elle se retourna, scruta sa chambre. Le vent soufflait de plus en plus fort et ses rideaux volaient dans tous les sens. Elle se retourna, regarda de ses yeux vairons le lampadaire qui clignotait dans l’obscurité. Elle sentit une main sur ses lèvres et elle hurla. Mais c’était trop tard.

Zofia

La page arrachée

Je m’assois et je sens un frisson me glacer le dos. A-il vraiment tué ma meilleure amie? Je fais confiance à mon frère mais il la détestait donc c’est la seule personne qui aurait pu la tuer. Ou s’est-elle suicidée?Personne ne le sait. À part peut-être…Léana, la copine de mon frère. Mon frère lui dit tout ! Absolument tout ! Alors si mon frère est dans le coup, Léana serait au courant. Il me reste qu’une seule chose à faire… Le lendemain matin, à la place de prendre le bus comme d’habitude, je prends le même chemin que mon frère. Arrivée au croisement où Léana et mon frère se rejoignent, je me met derrière un buisson et à ce moment j’aurai aimé être partout mais pas ici… Mon frère ne sort plus avec Léana mais avec Célia, la peste du collège ! Cette fille me déteste et elle détestait aussi Lola. Je ne sais plus quoi penser mais je me demande si je ne doit pas rejoindre Lola.

Virginie

Page arrachée

Je me rends compte que j’appuie trop quand sa veine explose. Lisa, bâillonnée, attachée, pousse des cris de douleur du mieux qu’elle le peut.
—Je t’avais dit de faire a-tten-tion !! me scande Adam, mon patron, tandis que j’essaie maladroitement d’éponger le sang sur son cou à elle. C’est difficile, car les cordes bien serrées m’empêchent de nettoyer correctement la plaie, et de plus, ces cordes là lui font un mal de chien, qu’elle exprime en se débattant comme une furie, ce que je ne tiens pas longtemps. Un coup sec et bien calculé sur sa tête, et elle part à jamais.
— Mais qu’est-ce que t’as fait ?!! cette fois, j’ai vraiment fait enrager Adam.
— Je…bah comme ça, elle nous dérange plus. bredouillé-je comme un petit enfant apeuré. Apeuré, je le suis. Quand Adam est fâché, vaut mieux être avec lui que contre lui. Il m’empoigne fermement le col de la chemise et me plaque au mur.
— Alors, écoute moi bien. Hier, j’ai accepté, mais aujourd’hui, ça va plus. Depuis maintenant, si tu ne fais pas chaque chose que je te dis de faire, chaque chose, je te …

Nadia