Le journal d’Hugo (15)

Le samedi 4 octobre 2014

Désolé, mais je n’ai pas pu finir d’écrire le dernier épisode, car je me suis évanoui. La personne qui est entrée avait un style vestimentaire vraiment bizarre. Un peu à la Bob Marley. Il ne sentait vraiment pas bon. Un peu comme la cigarette, mais en plus fort. Il avait un rat sur l’épaule, tenait dans sa main droite une cage à pigeon et une bière dans la main gauche. Il avait même des dreadlocks. Maman lui a roulé une pelle devant nous. C’est à ce moment-là que je me suis évanoui: pour une fois, moi et Arthur étions synchro. A la sortie de mon évanouissement, je l’aperçois. Il me dit:

– Salut fiston!

– Euh… bonjour monsieur, qui êtes vous?

– Bah Misha, ton nouveau papa.

– Vous allez rester vivre avec nous?

– Oui, vu que je sors avec ta mère. Et puis tu peux me tutoyer!

– D’accord, comme tu veux. Tu fais quoi dans la vie?

– Je m’amuse, je fais quelques bêtises et ensuite je déménage.

– Mais tu fais comment pour gagner ta vie?

– J’ai une petite affaire qui marche assez bien.

– Bon, je te laisse, je vais pleurer dans ma chambre.

Il faut reconnaître que là c’est l’apocalypse, Marley me suit.

Qui est-ce?

Il nous envahit…

Il nous surprend…

Il nous entoure…

Il nous agite…

Il nous entraîne…

Il nous gèle…

Il nous étouffe…

Il nous paralyse…

Il nous presse…

Il nous dérange…

Nora

Perdue dans mon monde

Je suis concentrée sur mon travail, j’essaye d’avancer. L’instant d’après, je me surprends en train de regarder par la fenêtre. Mes yeux se baladent entre les maisons, les champs, les forêts, les villages voisins. J’observe tous les détails du paysage, puis je m’arrête sur les montagnes enneigées. Je lève les yeux, le ciel est couvert. Le soleil essaye de percer mais les nuages résistent. Quelques gouttes de pluie commencent à tomber, c’est le signal de me remettre au travail.

Chiara et Tina

Une histoire

Un ticket d’aller en avion, mais pas de retour, il faut absolument trouver un appartement en Suisse, sinon on sera obligé de rester en Italie. Aller avec une telle espérance là-bas, voilà le courage dont a fait preuve ce père.

Enchaînement de coïncidences, l’appel de mon père et l’appartement nous appartient. En Italie, dans cette maison miteuse, les larmes coulent sur nos visages. L’émotion est indescriptible.

Quitter cet endroit me remplit d’une immense tristesse, mes amis que je ne vais, sans doute, plus revoir. L’animation dans les rues, les coups de klaxons qui sont pourtant des habitudes qui vont être des souvenirs gravés à jamais dans ma petite tête d’enfant immature.

Nous sommes arrivés en Suisse, dans cet appartement, plus propre, plus…tout. Mais, il manquait quelque chose… Le silence régnait comme un véritable cimetière, on se demandait où les gens étaient passés. Le bruit régnait dans ce pays où l’on chante. Mais ici, la joie de vie est comme transparente.

Toujours être discret, ne pas être tactile. Les questions des jeunes enfants peuvent nous paraître si insensées, mais elles sont des faits, une réalité. Je me demandais avec ma petite taille pourquoi les Suisses qui vivent dans cette endroit magique, peuvent être si malheureux?

En Italie, on est joyeux, mais on vit avec peu d’argent, avec peu de choses. On siffle des chansons qui nous donnent envie de danser, de croquer la vie à pleine dents comme dans une sfogliatella.

Maela

A travers elle

Je vois la neige tomber au ralenti,

La pluie taper le sol,

Le vent qui fait danser les arbres,

Les montagnes enneigées,

Les oiseaux qui s’envolent,

Le soleil qui se lève,

Les maisons qui ne bougent jamais,

Les voitures coincées dans le trafic,

Elle me montre le monde qui m’entoure, à travers sa transparence.

 

Je vois mon reflet comme dans un miroir,

Mais en plus sombre,

En moins distingué,

Tout est visible,

C’est comme si tout était à double,

Un monde où tout est pareil,

Mais en même temps si différent,

Après un petit moment, je décide de me remettre au travail.

Anisha