Tranchées et tasse de thé (01)

Lille, Mercredi 14 octobre 1914

Chère Mlle Wilson,

Cela va faire une semaine que je vous ai quittée, hélas, vous me manquez déjà énormément. Hier, je suppose que vous êtes allée au culte, prier au bon rétablissement de votre père malade. Et moi, seul dans les tranchées, je prie pour vous. Je rêve, parfois, de prendre le thé de dix-sept heures avec vos Shortbread doux et sucrés.

 

Avec mon régiment, nous avons pris le navire à Portsmouth. La traversée de la Manche a duré une demi journée. Le débarquement s’est déroulé à Cherbourg. Le peuple français nous a accueilli très chaleureusement, mais leur visage était creusé par la peur et le chagrin. Le transport jusqu’en Nord Pas-de-Calais a été rude et pénible. Notre arrivée sur place était un vrai soulagement pour les soldats français affaiblis. La grande guerre n’est pas si terrible que ce que l’on raconte. Je me suis dès lors rapproché d’un soldat français de très bonne compagnie. Nous sommes tous les deux fiers de servir nos patries qui n’en font qu’une.

J’ai hâte de recevoir votre lettre.

Votre bien-aimé William Keynes