Double-vie

Les rencontres, le sport, les sorties. La vie est belle si on fait abstraction des moments où l’on se retrouve enfermé dans une pièce, à regarder un tableau couvert d’écritures étranges. Des lettres perdues dans des chiffres, des déclinaisons bizarres, Christophe Colomb et l’Océan Atlantique. On ne s’y retrouve plus.

Chiara et Tina

Ce Matin

Comme toujours on se lève le matin sans avoir envie d’aller à l’école et parfois on reste quelques minutes de plus dans le lit.

À l’école, la première période est celle où tout le monde est encore endormi. La deuxième période on se réveille petit à petit parce que la professeure nous gronde car nous ne l’écoutons pas. La troisième, on n’arrête pas de regarder l’horloge qui est accrochée au mur pour aller à la recréation, car on a faim.
On a envie d’avoir le pouvoir d’avancer le temps, d’arrêter le temps ou encore le pouvoir de le reculer jusqu’au moment où on est couché dans son lit, en train de penser qu’on n’a pas envie d’aller à l’école.

Aroa et Joana

Règne animal

A l’aube, je sors de mon univers merveilleux peuplé de licornes. Je descends les escaliers tel un ninja portant des pantoufles Minions. Je remue mon chocolat chaud pour former une tornade où les marshmallows s’engouffrent. Départ pour l’école. J’ai une allure semblable à un zombie qui n’a pas eu ses cent ans de sommeil.
En cours, je pouffe de rire comme une hyène avec mon amie pour une raison ou pour une autre. A midi, en sortant de la classe, je sens déjà l’odeur du dîner que je vais dévorer, car je suis une lionne affamée.
Le soir, je me laisse tomber sur mon lit, je suis une orque qui atterrit dans son bassin, à la fin de la représentation.

Vous aussi ?

Vous aussi, tous les matin quand votre réveil sonne, vous pensez « Encore une journée nulle dans cette école ? »

Vous aussi, vous appuyez plusieurs fois sur le bouton du passage piéton en pensant qu’il va passer au vert plus rapidement ?

Vous aussi, sur le chemin pour aller à l’école, vous jouez à des petits jeux comme sauter sur les lignes jaunes du passage piétons ?

Vous aussi, quand vous montez les escaliers du bâtiment, vous vous amusez à louper le plus de marches possible ?

Vous aussi, quand vous arrivez en classe, votre premier réflexe est de jeter votre sac sur le sol ?

Vous aussi, quand la sonnerie sonne, vous voulez être le premier sorti ?

Vous aussi, après avoir lu ce texte, vous vous rendez compte que vous le faites aussi ?

Victor

Une lumière au fond

Tous les jours, sur ces escaliers, la même fille passe un petit peu de temps toute seule à penser à sa vie, à ses potes, à tout et pendant un moment elle se demande si ça vaut vraiment la peine… Rester dans un endroit où elle a de la difficulté à s’exprimer, où elle se trouve différente, à l’écart des autres filles.
Elle voudrait être comme les autres, mais elle ne peut pas changer sa façon d’être.
Il n’y a pas d’autre choix.
Elle veut faire plaisir à ses parents, elle ne le sait pas encore mais elle est différente des autres, elle porte bonheur malgré elle. Elle est une lumière au milieu de cette obscurité.

Rafaela

La D104

Je ne sais pas pourquoi mais, dès que j’arrive devant cette classe, je souris. Je me dis toujours que je vais passer une bonne journée, malgré la fatigue et les réveils insupportables tous les matins, du lundi au vendredi.
L’ambiance. Ma classe. Je souris. Bêtement parfois. Eh oui! c’est ma classe et je ne la changerais pour rien au monde, surtout pas pour une autre.

Melissa

Du lundi au vendredi

Comme chaque matin, je me réveille difficilement , je déjeune, je me lave et je me prépare pour aller à l’école. Quelques minutes plus tard, je dois sortir de chez moi pour aller à l’école. Je sors, je vais à l’arrêt de bus et j’attends le bus. Il arrive comme un tracteur et je m’en vais. Quelques minutes plus tard, j’arrive à l’école et je commence les cours.

Narek

Je pense à Toi

Et je pense à toi, à moi, à nous.
Je pense à ma vie tout en pensant à toi qui en fait désormais partie.
Je te regarde et me dit que la vie n’est pas si terrible.
Me mettant à genou pour remercier le monde, car le monde est l’endroit où je t’ai rencontré.
En ouvrant les yeux sur cette vie, je m’aperçois du regard des gens envers nous.
Mais au fond est-ce si important?
Je n’ai rêvé que de toi cette nuit.
Je n’ai pensé qu’à toi aujourd’hui.
Et chaque demain sera le jour où je ne verrai que toi.
Alors, depuis hier je ne vois personne, me sentant comme un aveugle, en comprenant que depuis hier je ne vois que toi.
Me mettant à genou en remerciant le monde, car le monde est l’endroit où je t’ai aimé.

Lorenzo

La Cour

La cour de récréation est un lieu magnifique pour notre vie, parce que c’est là qu’on se construit. Depuis qu’on est des enfants qui courent dans tous les sens, qui tombent, qui se relèvent, sans pleurer parce que notre maman n’est pas là. C’est là qu’on rencontre ses amis.

Après, quand on commence à devenir grand et qu’on commence à chercher des filles à la récré, c’est dans la cour que ça se passe.

C’est là aussi qu’on se frappe pour la première fois. C’est durant la récré que tout le monde devient ton ami parce que tu as acheté à manger.

Quand on devient plus grand, qu’il ne te reste que deux ans de scolarité, tu as envie de partir. Mais quand tu quittes l’école, tu retournes toujours dans ta cour pour voir tes amis et tu penses toujours à tout ce que tu as fait depuis que tu étais petit jusqu’au jour où tu es parti.

Antonio